Une passerelle vers l'école, suite

Publié le par Mum'Troll

Vendredi soir, me voilà donc partie pour la réunion à l’école. Le but : faire partager aux parents l’inquiétude concernant l’avenir de l’école publique, de la maternelle au lycée.

 

L’avantage de cette réunion a été de synthétiser des informations lues ou entendues ici ou là et d’apporter des précisions, via des exemples concrets, de ce qui se met doucement en place.

 

Je vais essayer de vous faire un tableau « noir » (trop facile !) de ce que j’ai retenu.

 

La maternelle, pour commencer.

 

Le gouvernement a ouvertement annoncé vouloir renoncer à la scolarisation en maternelle des enfants entre 2 et 3 ans. Jusque là, rien de bien nouveau. A ma connaissance, les écoles n’accueillent qu’au compte-goutte ces enfants répertoriés comme « tout-petits », et les résultats ne sont pas probants. Ces enfants sont le plus souvent amenés à rester 4 ans en maternelle et ont tendance à retarder le travail de la classe par l’attention toute particulière qu’ils requièrent (les accidents de propreté sont plus fréquents, leur attention est plus difficilement captable, etc.).

Ce qui a été nettement moins relayé, c’est le changement de programme des classes de petite et moyenne section. D’après les enseignants, ces programmes ont quasiment été vidés de leur contenu, pour tout centrer sur la grande section. Ainsi, il sera facile de clamer dans quelque temps que ces 2 premières sections ne servent à rien, n’apportent rien à l’enfant, et de les remplacer par les jardins d’éveil.

Ces jardins d’éveil en projet seraient gérés par les municipalités. Cela aura quelques conséquences, comme par exemple :

-          les éventuels enseignements dispensés dans ces centres ne seront plus homogènes sur le territoire français

-          l’accès en sera payant, au même titre que les crèches. Ainsi, les parents qui en auront les moyens confieront leurs enfants à ces jardins d’éveil. Ces enfants devraient y être préparés à la grande section de maternelle et y apprendre également la vie en communauté, bien avant le grand saut vers l’école primaire. Les autres familles garderont leurs enfants à la maison et tenteront tant bien que mal de leur apprendre les rudiments du maniement du crayon, de l’expression et de l’écriture (à supposer qu’elles les maitrisent et sachent les transmettre)

 

L’école primaire

 

C’est d’ores et déjà compliqué de trouver des remplaçants en cas d’absence d’un instit. Les remplaçants de longue durée ont disparu, rester le personnel destiné à effectuer des missions de courte durée qui maintenant intervient sur des remplacements programmés et de longue durée, type congé maternité. Apparemment, il est inutile en ce moment de demander un remplaçant pour une journée et les équipes s’organisent pour gérer les classes.

Dans ce contexte, une fois supprimés les maîtres remplaçants qui étaient formés au même titre que les titulaires, il est facile de déclarer que la solution n’est plus tenable et qu’il faut impérativement trouver du personnel ailleurs pour instruire nos têtes blondes. Ainsi, les ANPE proposent déjà des missions ponctuelles à des personnes en recherche d’emploi, personnes qui ont certes le niveau d’étude requis, mais aucune formation pédagogique. Vendredi soir, différentes annonces nous ont été lues. Telle cette ANPE du Nord qui proposait un poste de maître remplaçant au salaire de 8,75 euros de l’heure, pour 35H par semaine (ce qui nous donne du 1400 euros maxi par mois, et reste à supposer que l’on parle en salaire brut). De plus, ces personnes se retrouveront du jour au lendemain face à une classe, sans être passé par une formation spécifique en l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres).

L’IUFM justement.  Cet institut forme les futurs enseignants pendant un an. Ces derniers, de niveau minimum Bac+3, ont dû passer un concours pour entrer dans cet IUFM. L’enseignement d’un an, rémunéré, y est dispensé par des enseignants et les programmes incluent des jours de présence en classe. Cette formation porte essentiellement sur le « savoir apprendre », « savoir gérer une classe », ce qui parait essentiel aux yeux de quiconque aurait passé quelques heures entouré d’une vingtaine de bambins.

Et bien les IUFM vont être supprimés. A la place, les candidats devront aller jusqu’à un Master (Bac+5), sans rémunération aucune. A l’issue de ce Master, ils devront passer un concours. S’ils le réussissent, ils pourront enseigner. Comment ? Après quelle formation ? Et s’ils ne réussissent pas ce concours après 5 ans d’étude ?

De plus, les programmes scolaires ont été revus à la rentrée 2008, sans aucune concertation ni aucun bilan du précédent programme. Ces programmes sont plus chargés alors même que les enfants ne vont plus en cours le samedi matin.

 

Pour les lycées, la présentation fut plus succincte. Il est principalement proposé aux élèves de remplacer les 3 trimestres par 2 semestres et de choisir pour les options parmi de multiples modules de matières, à la façon des facs ou des lycées anglo-saxons.

Ces 2 points soulèvent des problèmes. En particulier : comment est-il possible de proposer aux lycéens un vaste de choix de modules alors que dans le même temps il est question de supprimer 80.000 postes dans ces mêmes lycées. Et comme toujours : les établissements qui auront les moyens proposeront des modules alléchants et attireront les familles ayant les moyens de se payer cet enseignement. Les autres se contenteront d’accueillir les élèves qui n’auront pas le choix.

 

En bref, de nombreux reproches résumés ainsi :

 

-          nous nous dirigeons vers un enseignement à l’anglo-saxonne, avec des écoles à 2 vitesses

-          les décisions ne sont pas annoncées et les personnes concernées découvrent les choses au fur et à mesure, souvent après leur entrée en application

-          le projet global n’est pas exposé et nous ne pouvons que craindre ce qui reste à venir (ce qui donne de la force aux réformateurs qui reprochent à leurs détracteurs d’affoler tout le monde pour rien)

-          il semble que, en tout cas pour le primaire, l’accent est mis sur un enseignement « par cœur ». Exit la réflexion, le questionnement, qui seuls forment des citoyens éclairés

-          aucune évaluation n’est menée sur les programmes, sur les expériences qui se déroulent depuis des années.

 

Les équipes enseignantes appellent donc les parents à la plus grande vigilance.

 

Petite précision sur la réunion de vendredi soir : elle réunissait une soixantaine de participants, dont une trentaine de parents. Samedi après-midi, seuls 2 de ces parents ont participé à la manifestation dans les rues de Colombes …

Publié dans Vie citoyenne

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F
J'ajoute quelques infos sur le site de l'IUFM pour comprendre les changements dans la formation des maîtres (c'est plus qu'en projet, c'est déjà décidé !) :<br /> http://www.iufm.education.fr/devenir-ens/formation.html<br /> Ce que je n'ai pas trop compris, c'est ce que devient l'actuelle 2ème année de formation (celle qui est payée), avec les stages et tout…<br /> Merci pour toutes ces infos !
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