Les rues de Colombes : Henri Martin

Publié le par Mum'Troll

Il fait nuit, il fait froid, et je n’ai pas envie de sortir. Sortir pour quoi faire ? Pour aller voir sur la plaque de la rue Henri Martin s’il s’agit du peintre ou du résistant.

Alors, au vu des autres noms des rues colombiennes, j’ai tendance à penser que cette rue n’a rien à voir avec une activité picturale. Et puis, je ne suis pas très douée pour décrypter le pointillisme. Et j’ai encore moins envie d’écrire sur un artiste exalté au point de se lier aux Rose-Croix.

Quant au résistant Henri Martin, afin de mieux le connaître, je préfère vous livrer des extraits d’un article paru dans l’Humanité le 3 mai 2004. Article rédigé par un certain … Henri Martin :
« En 1936, c’est le Front populaire et j’ai neuf ans. J’allais porter la musette à mon père qui travaillait à l’usine de cuisinières à Rosières, dans le Cher. Dans la musette, il y avait le casse-croûte, et l’Humanité. C’est l’année de la guerre d’Espagne. Pour s’être opposé aux accords de Munich, mon père est licencié avec deux cents de ses compagnons. L’occupation, la résistance. Mon père attendra 1942 pour me dire ses activités clandestine. J’ai quinze ans et je diffuse l’Humanité clandestine. En 1944, je rejoins le maquis de Lignères et de Chateaumeilland, au sud du département. Comme j’étais le plus jeune, on m’envoyait dans les fermes au ravitaillement. Je participe à la Libération de Bourges le 6 septembre 1944. C’est à ce moment-là que j’adhère officiellement au Parti communiste.

Je pars sur le front de Royan, j’y reste trois mois jusqu’au 18 février 1945. Démobilisé de l’armée de terre, je m’engage dans la marine, volontaire contre le Japon. Je pars le 17 octobre 1945 pour l’Indochine. J’ignorais tout de ce qui s’y passait. Moi, je partais pour poursuivre la lutte antifasciste. Je suis emprisonné le 14 mars 1950. La peine de mort pour activités communistes se transforme en vingt ans. Je suis transféré en centrale à Melun. Là, par mon avocat et des gardiens communistes, j’ai l’Humanité. La campagne " Libérez Henri Martin ", c’est avant tout une campagne contre une guerre injuste, contre la répression. Je suis libéré le 2 août 1953. Et l’Algérie arrive dans la foulée. »


Ce que ne dit pas cet article, c’est que lors de son engagement dans la guerre d’Indochine, Henri Martin, qui pensait poursuivre sa lutte anti-fasciste, se retrouve embarqué avec des vichystes et des GRM (milices de Pétain qui pourchassaient les résistants). Il constate qu’il lutte contre des indochinois qui revendiquent leur liberté. Les gens assassinés ne sont pas des pillards mais des paysans tués par la légion étrangère qui massacrait et brûlait des villages.

Revenu en France en 1946, Henri Martin distribue des tracts à Toulon invitant les marins à réclamer la cessation des hostilités en Indochine. Il est arrêté et condamné. Le PCF prend sa défense ainsi qu’un collectif d’intellectuels dont Jean-Paul Sartre qui publiera, fin 1953, le livre L’affaire Henri Martin.

Et le premier colombien, la première colombienne, qui passe devant la plaque de la rue a le droit de m’écrire ce qu’il y a de précisé sur cet Henri Martin.

Mum'Troll

Publié dans Les rues de Colombes

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P
Et s'il s'agissait de l'historien et membre de l'Accademie française (1810/1883) ?
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